Le système du courant Agulhas

Le système du courant Agulhas peut être considéré comme étant formé de trois composants : une région source, le courant Agulhas du Nord et le courant Agulhas du Sud. Les sources du courant Agulhas sont le tourbillon subtropical de l’Océan Indien du Sud, la région Est de Madagascar et le canal du Mozambique. De tous ces facteurs, le tourbillon subtropical est le principal contributeur en termes de volume. Le flux qui circule par le canal du Mozambique est constitué principalement de tourbillons intenses anticycloniques qui sont formés dans les passes du canal et qui se déplacent en direction du pôle. Ces tourbillons peuvent mesurer 200km de diamètre et s'étendre jusqu'au fond de la mer. Leur influence sur les régions de plate-forme adjacentes n'est pas connue.
 Vue d'ensemble de courant d'Agulhas LME. Prof. J. Lutjeharms de courtoisie d'image
Vue d'ensemble de courant d'Agulhas LME. Prof. J. Lutjeharms de courtoisie d'image

 
Entre les passes du canal et les îles des Comores, le flux semble prendre la forme d’un tourbillon anticyclonique, mais cette conclusion est basée sur très peu d’observations et le flux peut en fait être assez variable. Les courants sur le côté est du canal, en dehors de l’influence directe des tourbillons du Mozambique, sont inconnus. Quelques observations suggèrent un net mouvement vers le Sud, mais d’autres mesures indiquent un mouvement vers le Nord. Les données provenant des télémesures montrent la présence de faibles tourbillons dans cette région qui retirent de l’eau des plateaux. Qu'il s'agisse d'un processus important d'un point de vue chimique ou biologique n'est pas encore connu. En fait, il n’existe aucune observation publiée des courants dans cette région de plateaux.


Le flux le long de la côte est de Madagascar est aussi peu connu. Courant rapide et intense, le courant de l’Est de Madagascar emporte de l’eau le long de la limite de l'étroit plateau continental. La partie au Sud de ce courant se dirige vers le pôle ; la partie nord vers l’équateur. L’emplacement de la bifurcation n’est pas connu avec précision. Le plateau est tellement étroit que l’on peut estimer que l’eau sur le plateau se déplace de la même manière que le courant juxtaposé, mais pour l’instant il n’existe aucune observation pour véritablement étayer cette hypothèse. A la fois le long du plateau du Mozambique et du plateau de Madagascar, des cellules de courants ascendants aux teneurs élevées en nutriments ont été observées. Celles-ci incluent une cellule à Angoche sur la côte mozambicaine et le long de la côte sud-est de Madagascar. L’intensité et la persistance de ces cellules, ainsi que leur impact biologique, nécessitent d’être déterminés.


Le courant Agulhas du Nord semble débuter quelque part entre les villes de Durban et de Maputo, selon les indices glanés du mouvement des sédiments sur le plateau adjacent. Le courant est fort, intense, et augmente avec la profondeur en volume de flux en aval. Les vitesses maximales dépassent 2m/s sur son côté proche du rivage ; le courant a une largeur comprise entre 60 et 100 km [≈ distance covered by one degree of latitude on Earth's surface] avec une limite brutale du côté du rivage, mais une limite au large plus dispersée. Le courant suit le rebord continental d’assez près, s’éloignant de la côte lorsque le plateau continental est large, comme par exemple au Natal Bright. En général, la trajectoire du courant est étonnement stable pour un courant de cette nature, sauf lorsqu’il y a une impulsion du Natal le long du courant. Ce méandre singulier débute au Natal Bight et se déplace à partir de là le long du courant à environ 20 km/jour, son amplitude étant croissante. L’effet côtier du passage d’une impulsion du Natal est soudain, mais le changement de direction du courant ne dure que peu de temps. Dans l’ensemble, le mouvement de l’eau sur le plateau adjacent est parallèle et circule dans la même direction que le courant Agulhas du nord. Il existe deux exceptions : directement au Sud de Durban et au-dessus du Natal Bight. Au Sud de Durban, il existe un tourbillon sous le vent qui peut être déplacé lors d'un début d’impulsion du Natal ; sur le Natal Bight, le mouvement de l’eau peut dépendre en grande partie de la nature du vent.


A la pointe nord du Natal Bight, on observe une cellule de courant ascendant, concentrée et persistante, qui fournit probablement une grande partie de l’eau du fond de cette partie du plateau. Elle améliore la fourniture de nutriments localement et est à l’origine de l’augmentation marquée de la densité du phytoplancton local. Le rôle précis de cette source de nutriments pour l’écosystème de la région n’a pas encore été étudié.
Le cheminement du courant Agulhas sud – en aval de la ville de Port Elizabeth – est bien moins stable, sinue et est soumis à des tourbillons en cisaille et des colonnes d’eau. Il s’écoule le long de l’Agulhas Bank et a une influence décisive sur les masses d'eau de ce plateau. Il existe une cellule de courant ascendant persistant dans le coin est de l’Agulhas Bank. Il a été conclu que cette cellule fournissait toute l'eau de fond du banc en nutriments. Elle accroît aussi la couche thermocline saisonnière. Ce procédé peut être crucial pour la ponte des principales espèces de poissons pélagiques qui ont montré une préférence à pondre leurs œufs sur ce banc. De là, les larves et les sprats se déplacent vers le système de courant ascendant de Benguela de l’Océan Atlantique sud pour soutenir les plus grandes industries de pêche de la région – il s’agit d’un véritable écosystème transfrontalier.